Le président exécutif d’Airbus, Tom Enders, a déclaré ce vendredi qu’il pensait que les analystes sous-estimaient la demande d’avions Bombardier C-Series et qu’il s’attendait à ce que le groupe vende des « milliers » d’exemplaires de ce modèle.

Des milliers de Bombardier C-Series. C’est ce que prétend vendre Airbus en mettant la main sur ce programme d’avions, qui affiche aujourd’hui 360 commandes au compteur depuis son lancement en 2008.

« Je pense que nous vendrons beaucoup plus de ces avions, a déclaré le président exécutif d’Airbus, Tom Enders, lors d’une conférence organisée par la Chambre de commerce de Montréal, en précisant qu’Airbus « sait comment vendre des monocouloirs ».

Airbus prend le contrôle du C-Series

Mardi, Airbus et Bombardier ont signé un accord dans lequel le groupe européen va prendre une participation majoritaire dans le programme d’avions de 110 à 150 sièges (voire 160 en version monoclasse) du groupe canadien. Dans cet accord, Airbus sera notamment en charge de la commercialisation du C-Series. Pour certains observateurs, les équipes d’Airbus peuvent en effet faire un carton avec cet avion, complémentaire aux A320 et A321, lesquels couvrent le marché des 150-220 sièges.

Une consommation 20% inférieure aux avions de même catégorie

Car, de l’avis de plusieurs experts, l’avion canadien est un bon avion. Malgré une capacité inférieure à l’A320 ou au B737-800, il afficherait des coûts au siège à l’étape (par vol) identiques à ceux de l’A320 ou du B737, voire inférieurs, selon la direction de Bombardier. Une performance de taille dans la mesure où, en général, les avions plus petits ont des coûts au siège plus élevés. Grâce aux améliorations apportées sur le fuselage et à sa nouvelle motorisation, le C-Series est censé consommer 20% de moins que les avions actuels de la même catégorie.

Les ventes n’ont jamais percé

Pour autant, malgré ses qualités, le programme n’a jamais percé commercialement, même si, depuis deux ans, de gros contrats comme celui signé avec Delta en 2016 (50+75 options) ont apporté un grand bol d’oxygène.

Le C-Series a en effet subi de gros problèmes industrialisation, lesquels ont entraîné des décalages important du programme (le premier exemplaire a été livré en 2016) et plombé ses coûts. Par ailleurs les problèmes rencontrés par le motoriste Pratt & Whitney en ont rajouté une couche en pénalisant la montée en cadence.

Ces difficultés industrielles ont forcément refroidi les compagnies aériennes, déjà sceptiques sur les capacités de l’avionneur à intégrer de nouvelles technologies comme les matériaux composites, les moteurs sous la voilure qui constituent une nouveauté chez Bombardier (les avions construits jusqu’ici avaient les moteurs à l’arrière).

Accord très avantageux pour Airbus

Beaucoup de compagnies aériennes ont donc attendu de voir le comportement de l’avion en exploitation. Or, l’avion n’est entré en service qu’en juillet 2016 dans la flotte de Swiss. Enfin, le C-Series a été la première victime de la remotorisation de l’A320 (A3230 Neo) puis du B737 (MAX) annoncée respectivement fin 2010 et mi-2011.

L’accord est très avantageux pour Airbus. En effet, il est prévu que les surcoûts du programme par rapport aux prévisions seront payés intégralement par Bombardier jusqu’à 350 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Reste à convaincre les commerciaux d’Airbus de jouer le jeu. Mais aussi, pour Airbus, à être capable de créer une sorte de famille entre les C-Series et les A320/A321, au moins sur les systèmes avioniques.

LA TRIBUNE