Emirates est de loin le premier client de l’A380, avec 142 commandes et 100 exemplaires en service. – Dinendra Haria/Shutters/Sipa


Emirates pourrait annoncer une commande d’une trentaine d’A380, pour une valeur de 14 milliards de dollars, en ouverture du salon aéronautique de Dubaï, ce dimanche.

Pour Airbus, le Père Noël pourrait passer dès dimanche et s’appeler Emirates. La compagnie de Dubaï pourrait annoncer dès l’ouverture du salon aéronautique de l’Emirat, le 12 novembre, une nouvelle commande d’A380, qui pourrait dépasser les 30 exemplaires selon l’agence Reuters. De quoi permettre à Airbus de prolonger de plusieurs années la production du très gros porteur, dont le carnet de commandes compte moins de 100 exemplaires à livrer et qui n’a pas engrangé de nouveau contrat depuis plus d’un an.

Une commande attendue depuis longtemps

Airbus espérait ce coup de pouce d’Emirates depuis longtemps. On savait en effet que la compagnie de Dubaï, qui est de loin le premier client de l’A380 avec 142 commandes et 100 exemplaires en service, devrait commencer à remplacer ses premiers « super jumbos » à partir de 2019. Après avoir longtemps poussé en faveur du lancement d’une version modernisée et remotorisée de l’A380 Neo, le président exécutif, Tim Clark, avait fini par se faire à l’idée de devoir remplacer ces premiers A380 par de nouveaux A380 un peu améliorés, faute d’alternative.

Lors du salon du Bourget , en juin, la rumeur d’une possible commande de 20 A380 supplémentaires avait déjà couru les allées. L’avionneur avait profité du salon pour y présenter l’A380+, une version améliorée et densifiée du très gros porteur, susceptible d’offrir jusqu’à 80 sièges de plus, pour une consommation de carburant réduite de quelques pourcents grâce à l’installation de nouvelles dérives sur l’extrémité des ailes. Mais le concept n’avait semble-t-il pas suffi à convaincre les dirigeants d’Emirates, confrontés à une chute des bénéfices au premier semestre, de sortir le chéquier.

Le suspense partiellement levé

Airbus avait alors reporté tous ses espoirs sur le salon de Dubaï, du 12 au 16 novembre. Et ses efforts se sont avérés payants. Vendredi dernier, lors d’une cérémonie organisée à Hambourg pour la livraison de son centième A380, le PDG du groupe Emirates, Cheikh Ahmed ben Saïd Al Maktoum, avait mis en partie fin au suspense, en annonçant son désir de pouvoir signer une nouvelle grosse commande d’A380 lors du salon de Dubaï. Sans toutefois préciser le nombre d’exemplaires.

L’alignement des planètes

Avec la publication, ce jeudi, de bénéfices d’Emirates en hausse de 111 % sur le premier semestre de l’exercice 2017-2018 et la nécessité pour Airbus de redonner des couleurs à son carnet de commandes avant la fin de l’année, c’est l’alignement parfait des planètes. Et le contrat s’annonce spectaculaire – le prix catalogue de 30 A380 est de plus de 14 milliards de dollars -, même s’il ne réglera pas tous les problèmes.

Cette nouvelle commande d’Emirates pourrait en effet être la dernière pour l’A380 si Airbus ne parvient pas à améliorer les performances de son très gros porteur au niveau de celles du futur Boeing 777X. L’avionneur lui-même a souvent exprimé le souhait de lancer un A380 Neo susceptible d’assurer l’avenir du quadriréacteur face aux biréacteurs de Boeing. Mais Airbus n’a pas réussi à convaincre d’autres clients qu’Emirates de s’engager sur cette nouvelle version, qui nécessiterait plusieurs milliards d’investissements. La commande d’Emirates va au moins lui laisser un peu de temps supplémentaire pour y parvenir.

Bruno Trévidic

Source : Les Echos.fr