La révolution numérique est en marche dans les grandes entreprises industrielles françaises. Parallèlement, certaines d’entre elles s’engagent avec plus ou moins de détermination dans la transformation de leur management.

« Management 4.0 », « organisation responsabilisante », « entreprise libérée », « économie collaborative » …. L’heure est à l’innovation sociale !

Le groupe AIRBUS n’est pas en reste avec son projet PULSE dont l’objectif est à la fois de mettre de nouveaux outils de traitement social à la disposition des salariés et d’engager une transformation de la culture sociale.

La question posée est la suivante : La technologie numérique doit-elle systématiquement s’accompagner d’une révolution de l’organisation du travail et de la politique sociale dans l’entreprise ?

Difficile de répondre par oui ou par non car la question est complexe et c’est pourquoi beaucoup d’entreprises passent par une phase d’expérimentation avant de se jeter corps et âme dans l’innovation sociale.

FO est un syndicat pragmatique qui reste ouvert aux réalités du monde de l’entreprise dite moderne mais nous n’entendons pas sacrifier la proie pour l’ombre.

La révolution numérique permet indéniablement d’offrir de nouvelles possibilités qu’il était trop difficile de mettre en pratique avant le Big Data. Par exemple, l’outil numérique permet (ou permettra) techniquement à chaque salarié d’avoir un traitement social personnalisé sans que l’entreprise alourdisse ses coûts de gestion.

Ces nouvelles possibilités vont-elles changer pour autant les attentes des salariés, les souhaits d’évolution de carrière mais aussi les fondamentaux du vivre ensemble ? Rien n’est moins sûr !

L’innovation sociale qui consiste par exemple à supprimer des échelons hiérarchiques et à transférer une partie des responsabilités sur les opérationnels a l’intérêt immédiat pour l’entreprise de diminuer ses coûts de structure tout en donnant l’impression aux ouvriers ou aux techniciens qu’ils participent collectivement aux décisions.

Cette ambition fera-t-elle long feu ? Nous sommes réalistes et nous avons suffisamment de pratique dans une grande entreprise comme celle d’AIRBUS pour ne pas tomber dans un optimisme béat. L’entreprise n’a jamais été et ne sera jamais le monde des «bisounours». L’objectif d’une entreprise comme AIRBUS c’est la compétitivité et rien ne se décide à son encontre. De plus, ce type de changement ne se décrète pas, il nécessite l’adhésion des femmes et des hommes de notre Groupe.

Non seulement nous devons être prudents quand l’entreprise engage d’elle-même l’innovation sociale mais nous devons avoir un œil critique pour permettre le débat et analyser les changements.

Nous n’avons pas vocation à diriger l’entreprise mais nous devons jouer pleinement notre rôle de contrepoids. Pour cela, il faut que les délégués discutent en permanence avec tous les salarié(e)s, jeunes et moins jeunes, pour connaître leurs véritables attentes et bien mesurer les risques ou avantages inhérents à ces innovations ou pseudo innovations.

Prenons garde, il ne faudrait pas que l’individualisation du traitement social renforce l’individualisme et se traduise par la fin de cette unité de destin qui incarne la force collective d’une entreprise.

Yvonnick DRENO
Coordinateur Airbus