Depuis que Tom Enders dirige Airbus, la presse a révélé à quel point ses décisions ont mis en danger notre champion aéronautique et spatial. Les sérieuses menaces qui pèsent sur l’avenir d’Airbus sont un nouvel exemple criant de la démission des principaux dirigeants français face à la guerre économique ouverte par la mondialisation.

Le dossier Airbus suit les tragédies Alstom, Alcatel ou Technip. L’excellent rapport parlementaire Lellouche/Berger sur l’extraterritorialité du droit américain a montré que les Etats-Unis manipulent leur appareil judiciaire pour affaiblir les champions français. Le département de la justice de Washington utilise la loi anticorruption, la FCPA (Foreign corruption Practice Act) pour couvrir les pratiques déloyales des multinationales américaines tout en persécutant ouvertement leurs concurrents et faciliter leur rachat à vil prix.

Les faits parlent d’eux-mêmes et exigent une action prompte du gouvernement français pour sauver Airbus. Emmanuel Macron va-t-il enfin réagir ou abandonner un nouveau champion français et européen ? Décembre 2012 : Tom Enders et les autorités allemandes obtiennent un nouveau pacte d’actionnaires avec le soutien du Secrétaire Général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron : Lagardère et Daimler se retirent du capital ; les États français et allemand ne possèdent plus que 12% du capital (11% depuis 2014). Ils abandonnent leur siège au conseil d’administration, leur accès aux informations et leur capacité à peser sur les choix stratégiques du groupe.Décembre 2014 : Soumis aux pressions américaines qui accusent Airbus d’obtenir des contrats par la corruption, Tom Enders cesse de payer ses agents commerciaux à l’étranger. Il met ainsi brutalement fin au réseau historique d’Airbus qui a permis au groupe de tisser des relations de confiance avec plusieurs partenaires.

Janvier 2015 : Tom Enders lance un audit interne sur les pratiques commerciales d’Airbus avec le cabinet américain Hughes Hubbard & Reed, qui travaille régulièrement avec la justice américaine dans le cadre du FCPA. Ce cabinet, très proche des politiciens et lobbyistes de Washington, n’est absolument pas digne de confiance pour défendre nos intérêts nationaux

Mars 2015 : Tom Enders nomme John Harrison directeur juridique et secrétaire général du groupe. Occupant les mêmes responsabilités chez Technip avant que ce fleuron français devienne américain, John Harrison avait aligné les pratiques du groupe sur les exigences américaines. Cette décision avait conduit Technip à payer une amende record aux autorités américaines puis de se vendre à son concurrent d’Outre-Atlantique FMC, pourtant bien moins performant. Comment Emmanuel Macron a-t-il pu autoriser cette opération ?

Mars 2016 : Tom Enders vend l’électronique de défense au fonds américain KKR pour 1,1 milliard d’euros au lieu de les céder au Français Thales. Comment l’Etat peut-il accepter que ces pépites technologiques développées sur fonds publics soient bradées ?

Avril 2016 : Tom Enders saisit lui-même le Serious Fraud Office (SFO) britannique pour enquêter sur des présomptions de violation des lois anticorruption pour l’obtention de plusieurs commandes. Connaissant les liens entre Londres et Washington, il est possible que le département américain de la Justice soit à l’origine de ces enquêtes. Ce n’est qu’en mars 2017 que le Parquet national Français est saisi. Comment les responsables français peuvent tolérer une pareille situation ?

Juin 2016 : Tom Enders nomme l’américain Paul Eremenko à la tête de la recherche et du développement pour succéder au Français Jean Botti. Cet ancien de Google, passé par la Darpa, l’agence de recherche du Pentagone, a épuré cette direction qui détermine le futur d’Airbus avant de démissionner avec un gros chèque. Il laisse derrière lui un champ de ruines. La grande majorité des ingénieurs composant la mémoire et le génie d’Airbus ont été licenciés. Eremenko a rejoint United Technologies Corporation, géant américain de l’aéronautique, avec les secrets industriels d’Airbus. Des fuites indiquent que les recherches sur les projets structurants et les archives auraient été transférées sur le sol américain, que répond le gouvernement pour rassurer les Français ?

J’ai isolé les sept faits les plus marquants, les plus choquants qui décrivent les décisions irresponsables de Tom Enders et l’inaction des autorités françaises. Certains choix révèlent que Tom Enders est au choix soit un incompétent soit un traître.Affaiblir Airbus c’est affaiblir la France. Avec ses 54 000 emplois français, Airbus assure l’excellence technologique de notre pays. L’an dernier, l’aéronautique représentait 13% de nos exportations alors que notre déficit commercial ne cesse de se dégrader.

Emmanuel Macron doit agir ! Il faut stopper les pillages industriels que mènent les Etats-Unis sur le dos de la loi. Tom Enders a annoncé vouloir partir en 2019. Il faut le remplacer immédiatement, renvoyer John Harrison et dessaisir le cabinet Hugues Hubbard& Reed.

La France et l’Allemagne doivent rétablir un pacte équilibré d’actionnaires pour récupérer leurs sièges au Conseil d’Administration et remettre les choses en ordre, notamment en utilisant le droit de blocage prévu par la loi Sapin II pour protéger nos secrets industriels et commerciaux.

La mondialisation est une guerre économique mais les décideurs français ont rendu les armes. Nous subissons de nombreuses défaites sans même combattre : Alcatel, Technip, Alstom et tant d’autres pépites moins connues. Notre économie est profondément affaiblie et notre indépendance nationale est menacée tout comme notre capacité à demeurer une puissance économique et à créer des emplois.

Le président Macron a une responsabilité directe dans cette situation. Secrétaire Général-adjoint de l’Elysée, il a soutenu les demandes de Tom Enders pour affaiblir le rôle des gouvernements. Comme ministre de l’économie, il a cédé les groupes français attaqués par leurs concurrents américains.

Comme Président, Emmanuel Macron ne pourra pas dire qu’il ne savait pas ni s’abriter derrière l’impuissance de François Hollande. Il est désormais seul responsable face à l’histoire. Laissera-t-il mourir le plus grand fleuron industriel français et l’un des seuls succès de l’Europe des projets ? Le Président doit se réveiller face à la guerre économique en cours et protéger enfin notre industrie des ambitions de nos concurrents étrangers.