Par latribune.fr  |  27/01/2018, 10:39  |  594  mots

La commission du commerce international (ITC) aux Etats-Unis a refusé d’infliger de lourds droits de douane sur les moyen-courriers C-Series de Bombardier (Crédits : Regis Duvignau) Tom Enders s’est engagé à accélérer au maximum le projet d’une nouvelle ligne de production pour les CSeries de Bombardier en Alabama.

Le patron d’Airbus Tom Enders s’est engagé vendredi à accélérer au maximum le projet d’une nouvelle ligne de production pour les CSeries de Bombardier en Alabama, après ce qu’il a qualifié de victoire « incontestable » de son partenaire canadien contre Boeing. Le président exécutif de l’avionneur européen, qui était à Montréal en compagnie de son homologue du groupe canadien, Alain Bellemare, a déclaré que le refus de la commission du commerce international (ITC) aux Etats-Unis d’infliger de lourds droits de douane sur les moyen-courriers de Bombardier vendus à des compagnies américaines représentait une victoire pour des « affaires sensées ».

« Je n’ai jamais entendu (parler) d’une bonne stratégie menée de manière agressive contre son propre client et c’est pourquoi je m’en tiens à l’écart. Je pense que ce n’est pas une façon de faire des affaires », a-t-il expliqué lors d’un entretien téléphonique à Reuters.

L’ITC a refusé vendredi d’infliger des droits de douane sur les CSeries de Bombardier vendus à des compagnies américaines, offrant une victoire inattendue au constructeur canadien dans la guerre commerciale engagée par l’entreprise américaine aux Etats-Unis. Boeing estime avoir été pénalisé par la vente à faible prix de l’appareil à Delta Air Lines.

Le groupe canadien a accepté en octobre de céder une participation majoritaire à Airbus dans ce programme de CSeries et l’avionneur européen compte assembler certains appareils dans son usine d’Alabama.

  1. Une victoire pour Bombardier

L’ITC a bloqué les taxes appliquées par les Etats-Unis sur les avions C-Series du canadien Bombardier rejetant ainsi les demandes de Boeing appuyées par le ministère américain du Commerce. Les membres de l’ITC, une autorité indépendante, ont jugé à l’unanimité (4 voix contre 0, 2 postes étant vacants) que les industriels américains, en l’occurrence l’avionneur Boeing, n’étaient pas affectés par le programme de l’avionneur canadien. Le constructeur canadien Bombardier a immédiatement crié victoire après la décision de l’USITC.

« La décision d’aujourd’hui est une victoire pour l’innovation, la concurrence et la loi », a-t-il réagi dans un communiqué. « C’est aussi une victoire pour les compagnies aériennes américaines et la primauté de la loi ».

En décembre, le ministère américain du Commerce avait, lui, estimé que ces appareils de 100 à 150 sièges bénéficiaient de subventions du gouvernement canadien et qu’ils étaient vendus en dessous de leur prix de fabrication. Il avait alors fixé d’une part des droits devant compenser les subventions publiques (dits « compensateurs ») à 212,39%, et d’autre part un taux anti-dumping à 79,82%.

  1. Une défaite pour Boeing

Boeing s’est dit de son côté « déçu » que l’ITC ne reconnaisse pas le préjudice dont il s’affirme victime. Il est très rare que cette haute autorité ne suive pas les décisions du ministère du Commerce américain. Dans sa plainte, Boeing avait estimé que Bombardier avait vendu chaque CS100 à 19,6 millions de dollars américains pour un coût de fabrication de 33,2 millions. Au prix catalogue 2017, le CS100 est proposé à 79,5 millions de dollars l’unité. Pour autant, les prix catalogues ne reflètent jamais ceux réellement payés par les compagnies qui négocient toujours d’importants rabais.

Et devant l’ITC, Boeing avait affirmé que « le C-Series n’existerait tout simplement pas sans ces subventions », évoquant « des prix ridiculement bas ». Bombardier avait, lui, plaidé « une attaque sans fondement ». Il avait par ailleurs passé un accord avec le géant européen Airbus pour que les avions C-Series destinés au marché américain soient fabriqués dans une usine d’Airbus aux Etats-Unis.