Les Echos | 31.01.2018 | S. 19 | Olivier Tosseri

«J’ai confiance dans le futur de Leonardo. Nous savons où nous allons. » Alessandro Profumo, PDG du géant italien de l’aéronautique et de la défense Leonardo depuis huit mois, présentait mardi son premier plan stratégique 2018-2022. Catapulté à la tête du deuxième groupe industriel italien, ce banquier a surtout égrené des chiffres, visant une croissance moyenne annuelle de 5 à 6 % de ses revenus et de 8 à10 % de l’Ebita ces quatre prochaines années.
Après une année 2017 « décevante », Leonardo (ex-Finmeccanica) a touché « le fond », estime Alessandro Profumo, qui a assuré que le groupe allait « remonter la pente après une année 2018 qui sera une année de consolidation. »Pour cette année, il table sur des commandes de l’ordre de 12,5 à 13 milliards d’euros, un chiffre d’affaires stable autour de 11,5 à 12 milliards et une dette nette de 2,6 milliards. Le groupe est notamment affecté par la mauvaise santé de sa branche hélicoptères, qui représente près de 30 % de son chiffre d’affaires et subit une baisse des commandes. Un acte de foi plus qu’une prévision, estime Gregory Alegi, spécialiste des questions aéronautiques à l’université Luiss Guido Carli de Rome. « Pas une seule fois le mot innovation n’a été prononcé, pas plus que des propositions industrielles concrètes. C’est un plan de gestion qui vise à faire mieux ce qu’ils savent déjà faire. Cela manque cruellement de vision, estime-t-il. On a l’impression que le pilote nous fait monter à bord d’un vol Paris-Clermont- Ferrand, alors qu’il faudrait un vol Paris-Sydney. »
Les défis et les concurrents ne manquent pas
Une déception partagée par les marchés. A la Bourse de Milan, le titre Leonardo a perdu jusqu’à 12 % en séance et a été suspendu trois fois. Après les années de la direction de Mauro Moretti (2014-2017), où l’accent a été mis sur la réduction des coûts et la réorganisation du groupe pour améliorer les résultats financiers, les analystes attendaient plus de hauteur et d’ambition. « L’innovation et le lancement de nouveaux projets sont essentiels pour maintenir la compétitivité d’une entreprise, a fortiori dans un secteur stratégique comme l’aérospatiale, la défense et la sécurité », insiste Gregory Alegi.
D’autant que les défis et les concurrents ne manquent pas. A l’ alliance entre Bombardier et Airl’alliance entre Bombardier et Airbus s’ajoutent les négociations entre Embraer et Boeing, des partenaires traditionnels de Leonardo. Sans oublier le rapprochement dans les domaines civil et militaire entre la France et l’Italie suite à la reprise de STX par Fincantieri. Alessandro Profumo redoute que les intérêts italiens dans le domaine de l’aérospatial ne soient pas assez défendus. Pas sûr que Leonardo ait, comme il l’a déclaré, déjà touché « le fond ». n
La branche hélicoptères, qui représente près de 30 % de son chiffre d’affaires, a subi une baisse des commandes.