L’âge moyen de départ à la retraite a augmenté d’un an et quatre mois depuis la réforme de 2010. Le décalage à 67 ans de l’âge du taux plein commence à produire ses effets.

Les Echos Vendredi 16, samedi 17 février 2018

Le candidat Macron avait promis qu’il ne toucherait pas à ce paramètre très sensible de l’équilibre financier du système de retraites. L’âge moyen de départ à la retraite recule néanmoins déjà, avec une grande régularité, et cela depuis six ans. Il était de 61 ans et 10 mois fin 2016, soit 1 an et 4 mois de plus qu’en 2010, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de la Santé, parue jeudi. Cette tendance contraste avec l’abaissement de 2 mois de l’âge observé auparavant, entre 2004 et 2010. Une baisse due à la mise en place des départs anticipés pour carrière longue, et de carrières plus complètes chez les femmes, leur permettant de « raccrocher » plus tôt avec une pension plus confortable.

Retarder les départs, c’était l’objectif de la réforme des retraites de 2010. La droite a programmé le recul de deux ans de l’âge légal minimum, à 62 ans, puis de l’âge de la fin de la décote, à 67 ans. Dans un premier temps, seul l’âge minimum a commencé à reculer.

Cette montée en charge s’est achevée au début de l’année 2018. Depuis juillet 2016, la borne d’âge du taux plein se déplace à son tour, et continuera à se décaler jusqu’en 2022.

A cela s’ajoutera à partir de 2019, pour les salariés, une nouvelle incitation à partir un an plus tard pour toucher une retraite complémentaire à taux plein. Les âges légaux ne coïncident jamais exactement avec l’âge réel, car il y a des départs anticipés pour carrière longue, des travailleurs en catégorie active, ou à l’inverse des actifs qui ne souhaitent pas s’arrêter.

Mais en fin de compte, la courbe des départs ressemble beaucoup à la norme légale.

Du fait de cette réforme, le taux de retraités à 60 ans a reculé de 34 points entre 2010 et 2013, tombant à 30 %. En 2016, l’augmentation de l’âge du taux plein a déjà provoqué une baisse de 3 points, à 91 %, de la proportion de personnes de 65 ans qui sont à la retraite.

Le décalage de l’âge de départ a aussi des conséquences sur le temps dont les seniors pourront profiter après la vie active.

Pour les générations nées à partir de 1951, qui subissent la réforme de 2010, la durée moyenne passée à la retraite devrait baisser un peu. C’est une inversion de tendance. L’espérance de vie à la retraite atteint un pic pour la génération née en 1950 : 26 ans et 6 mois, et même 28 ans et 3 mois pour les femmes, qui vivent plus longtemps.

C’est presque 5 ans de plus que pour la génération née en 1926. Collectivement, ces sexagénaires profiteront à plein de l’essor de la longévité.