USINE NOUVELLE – Olivier James – Publié le

Airbus a inauguré la huitième ligne d’assemblage de son monocouloir, à Hambourg (Allemagne). De quoi permettre à l’avionneur de se rapprocher du cap des 70 A320 produits par mois.

Airbus a inauguré jeudi 14 juin sa quatrième ligne de production allemande d’A320.

Et de huit ! La toile industrielle dédiée à la fabrication du best-seller d’Airbus, l’A320, se dote d’une nouvelle ramification. L’avionneur européen a inauguré jeudi 14 juin à Hambourg la quatrième ligne de production allemande de son monocouloir. Elle vient s’ajouter aux deux lignes toulousaines, ainsi qu’à celle de Tianjin (Chine) et de Mobile (Etats-Unis). Trente ans après la première livraison d’un A320, cette famille d’avions qui ne devaient être vendu qu’à 700 exemplaires, affiche un total de plus de 14 000 commandes, dont 6078 restent à honorer d’après les derniers chiffres fournis.

Les dirigeants d’Airbus comptent sur cette nouvelle ligne de production – évoquée dès 2015 – pour parvenir à la mi-2019 à une cadence de production de 60 avions par mois, contre près de 55 aujourd’hui. C’est l’objectif officiel. Mais à y regarder de près, l’avionneur a déjà avancé ses pions pour aller au-delà. Avec sa nouvelle ligne d’une capacité maximale de 10 avions par mois, le site allemand – fort de ses quatre lignes – serait en mesure l’année prochaine de produire à lui-seul 40 A320 par mois. En additionnant les capacités françaises (16 avions par mois), américaines (4) et chinoises (4), le groupe pourrait atteindre la cadence de 64 avions par mois dans le milieu de l’année 2019. Sans oublier que le site chinois prévoit déjà de passer de 4 à 6 avions par mois à l’horizon 2021.

Officieusement, Airbus pourrait donc se rapprocher de la cadence 70, voire 75, évoquée récemment par Tom Enders lui-même, le patron du groupe. Reste à convaincre les fournisseurs d’entrer dans la danse. Pour peu que les deux motoristes embarqués dans ce programme, Safran et Pratt & Whitney, résolvent leurs problèmes et acceptent une nouvelle hausse de cadence, Airbus pourrait passer le cap des 70 A320 livrés chaque mois au début de la prochaine décennie. Ce qui lui permettrait de dépasser son rival américain Boeing avec une production globale proche de 900 avions, tous programmes confondus, contre 718 en 2017.

De nouvelles briques technologiques

Bonne opération pour Airbus, car la nouvelle ligne de production allemande a pris place dans deux immenses bâtiments existants, auparavant dédiés à la maintenance de l’A380. De quoi se doter d’un outil industriel à moindre coût. L’investissement dans cette nouvelle ligne allemande serait compris entre 50 et 100 millions d’euros, d’après certaines sources. Soit peu ou prou le prix d’un A320… On est loin des 600 millions de dollars investit dans le site américain.

Cette nouvelle ligne ne permettra pas seulement à Airbus de dépasser le cap des 60 avions par mois. Elle offre aussi au groupe la possibilité de tester des process industriels d’assemblage automatisés et robotisés, jusqu’à présent peu usités dans le monde aéronautique. Robot sept axes de perçage et de rivetage pour segments du fuselage, positionnement laser, balises de géolocalisation pour les plateformes mobiles autonomes qui déplacent les différents éléments de l’avion…

L’usine automatisée comme horizon

Des outils inédits également déployés pour répondre à la contrainte spatiale des bâtiments existants, qui ne permettaient pas un assemblage en ligne droite. Une fois arrivée à pleine puissance, d’ici un an environ, cette ligne devrait permettre de produire autant d’avions que chacune des trois autres lignes allemandes mais nécessitera moins de personnel. Pas de chiffre officiel, mais on évoque un pourcentage « à deux chiffres« , selon Klaus Rowe, directeur du programme A320neo.

Ces briques technologiques déployées à Hambourg pourraient être implémentées dans les autres sites d’Airbus, contribuant à augmenter encore les cadences mais aussi à la qualité des opérations d’assemblage. Elles constituent un pas supplémentaire en direction de l’usine du futur imaginée par le groupe, qui avait réalisé en 2014 une animation montrant un processus d’assemblage final ultra automatisé. Visée laser pour l’ajustement des pièces, tablettes tactiles, robot de perçage et de rivetage, acheminement automatisé des pièces… Peu à peu, Airbus s’achemine vers un processus proche de ce que l’on peut trouver dans l’automobile.

A Hambourg (Allemagne), Olivier James