LA TRIBUNE – Par Michel Cabirol  |  14/07/2018

L’Ukraine achète 21 H225 d’occasion ainsi que 10 H145 et 24 H125 neufs. (Crédits : Airbus Helicopters) Le ministère de l’Intérieur ukrainien a acheté 55 hélicoptères civils au constructeur de Marignane. Le contrat est estimé à 558,3 millions d’euros.

Nouveau succès à l’est pour Airbus Helicopters. Après la vente de 20 hélicoptères militaires H145 à la Hongrie fin juin, le constructeur de Marignane a signé samedi un contrat avec le ministère de l’Intérieur ukrainien pour la vente de 55 hélicoptères civils. Le contrat est estimé à 558,3 millions d’euros. Ce qui pourra consoler légèrement des déconvenues du groupe en Pologne et en Roumanie.

Ces appareils seront destinés à la recherche et au sauvetage (SAR), des services de missions publiques et des services médicaux d’urgence (EMS). Dans le détail, l’Ukraine achète 21 H225 d’occasion des hélicoptères neufs : 10 H145 (11 millions d’euros par appareil) et 24 H125 (près de 5 millions par appareil). Le contrat prévoit également la mise en place d’une formation locale et un centre de maintenance (soit 160 millions environ sur le montant total).

Des prêts français

Le ministre de l’Intérieur ukrainien, Arsen Avakov avait précisé fin mai sur Twitter que « l’utilisation des quatre premiers hélicoptères modernes Super Puma commencera dès cette année », certainement à la fin de l’année. Le projet, présenté comme le contrat le plus important de l’histoire entre les deux pays, prévoit la « création d’un centre de maintenance et de formation en Ukraine ».

L’Ukraine financera cet achat par des prêts français : 45 millions d’euros sous forme de prêt de trésorerie de l’Etat direct pour une période de six ans et 430 millions d’euros sous forme d’un prêt et pendant six ans par un consortium de français banques sous les garanties du Trésor français. Le ministère de l’Intérieur ukrainien paiera les 83,3 millions d’euros restants (soit 15% du coût total).

Des appareils détenus par des banques françaises

Une partie des machines fournies au titre de cet accord sont des H225 civils d’occasion (plus de 15 millions d’euros par machine) détenus par des banques françaises suite au défaut de l’opérateur CHC sur un financement garanti par l’Etat. L’Etat a en effet garanti, via Bpifrance Assurance Export, le financement de l’acquisition d’un ensemble d’hélicoptères Airbus par un loueur américano-canadien, CHC Helicopters, qui les plaçait auprès d’opérateurs pétroliers.

A la suite du crash d’un H225 en mer du Nord le 29 avril 2016 en Norvège (tous les H225 ont été cloués au sol par les autorités de sécurité aérienne), cet opérateur a fait l’objet d’un redressement judiciaire aux Etats-Unis (Chapitre 11) en mai 2016 et a fait défaut sur le financement garanti par l’Etat. La procédure de redressement de CHC s’est soldée par la rétrocession, imposée par le juge américain, des appareils aux banques garanties, représentées par Parilease. De ce fait, un parc de 21 hélicoptères H225 était détenu économiquement par l’Etat via les banques bénéficiaires de la garantie publique. Ces appareils ont très peu volé et certains sont pratiquement neufs.

« Une partie des appareils était jusqu’alors détenue par l’État et l’autre partie concerne des appareils neufs », pouvait-on lire dans le communiqué du 29 mai du ministère de l’Economie.