LES ECHOS – Bruno Trevidic Le 19/07 à 16:32

Le Salon de Farnborough a permis à Boeing et Airbus d’engranger en quatre jours plus de commandes que depuis le début de l’année 2018. – AFP

Airbus et Boeing ont encore dépassé les attentes lors du dernier Salon de Farnborough, en engrangeant à eux deux plus d’un millier de commandes.

Plus de 1.200 commandes et engagements d’achats signés depuis lundi , pour une valeur totale de plus de 150 milliards de dollars : tel est le score hallucinant du dernier match entre Airbus et Boeing sur ce qui reste de la pelouse de Farnborough, en Angleterre. Une fois de plus, les deux avionneurs ont dépassé les prévisions les plus optimistes , en réussissant à engranger, en quatre jours, deux fois plus de contrats que durant les six premiers mois de l’année. Une fois encore, l’industrie aéronautique, tirée par l’irrésistible croissance du transport aérien, confirme sa bonne santé, malgré les craintes liées au Brexit et à la guerre commerciale.

Le deuxième meilleur salon de l’Histoire

Comparée aux précédents Salons, l’édition 2018 de Farnborough fait aussi bien que le Salon du Bourget de 2017 (1.200 commandes et engagements pour une valeur de 150 milliards de dollars) et s’approche du record du Bourget 2013 (1.526 commandes). Et si Boeing termine cette fois encore en tête, avec 673 commandes et engagements annoncés (dont 153 figuraient toutefois déjà dans son carnet de commandes sous une identité masquée), Airbus en sort aussi grand gagnant, avec 431 commandes, dont 93 fermes.

Un effet d’entraînement

Même chose pour leurs deux nouveaux «poulains», le programme A220 (ex-CSeries) racheté par Airbus àBombardier, et le E2 du brésilien Embraer, en passe d’être repris par Boeing. Tous deux ont remporté plus de commandes à Farnborough que pendant les deux dernières années. Et les fournisseurs d’Airbus et Boeing ne sont pas en reste, avec notamment plusieurs milliards de dollars de commandes remportées pour les motoristes, CFM International, Rolls-Royce, GE et Pratt & Whitney.

Objectif annuel presque réalisé

De quoi garantir une nouvelle année record pour l’industrie aéronautique civile, malgré le renforcement du duopole d’Airbus et Boeing. Avec un total de 752 avions ajoutés à son carnet de commandes depuis le début de l’année, le groupe européen a quasiment déjà atteint son objectif d’un nombre de commandes au moins égal aux livraisons prévues cette année (autour de 800 appareils). Même chose pour Boeing, qui vise entre 810 et 815 livraisons en 2018.

Au total, les deux avionneurs devraient donc encore livrer, l’un et l’autre, un nombre d’avions sans précédent en 2018, tout en continuant à faire grossir leurs carnets de commandes – qui représentent déjà près de dix années de production. Avec les deux avionneurs, c’est toute la chaîne de sous-traitants qui s’apprête à battre de nouveaux records, pour le grand bonheur de l’économie française dont l’aéronautique reste l’une des grandes forces.

Pas de signe de fléchissement

Jusqu’à quand ? Pour l’heure, aucun observateur ne se hasarderait à prévoir un retournement de cycle. La production d’avions monocouloirs moyen-courriers – A320 et B737 -, qui représentent les deux tiers des commandes, ne suffit toujours pas à satisfaire la demande. Et si les commandes de gros-porteurs long-courriers ont semblé ralentir, le retour en force des commandes d’avions cargo est venu compenser.

A raison de 4% à 5% de croissance du trafic aérien chaque année, les besoins des compagnies aériennes sont estimés entre 37.300 et 42.700 avions neufs de plus de 100 sièges sur les 20 prochaines années. Or les carnets de commandes actuels d’Airbus et Boeing représentent encore moins de la moitié de ces besoins. Même avec l’arrivée d’un concurrent chinois, voire russe, les deux avionneurs occidentaux ont encore du grain à moudre.