La Tribune – Par Michel Cabirol  13/09/2018

Le carnet de commandes d’Arianespace s’élève à plus de 5 milliards d’euros. Il correspond à 60 lancements : 17 Ariane 5, cinq Ariane 6, 28 Soyuz et dix Vega/Vega C. (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN) La société européenne de services de lancement a annoncé cette semaine quatre contrats pour un total de neuf satellites à lancer.

Bingo… La semaine a été excellente sur le plan commercial pour Arianespace lors de la conférence « World Satellite Business Week » organisé à Paris du 10 au 14 septembre par le cabinet de conseil, Euroconsult. La société européenne de services de lancement a annoncé quatre contrats pour un total de neuf satellites à lancer. Ils vont alimenter pour la plupart le manifeste du futur lanceur européen. Notamment, Arianespace a conclu avec Eutelsat le premier contrat commercial d’Ariane 6. Au total, l’opérateur de satellites européen a confié à Arianespace le lancement de cinq satellites géostationnaires jusqu’en 2027.

La filiale d’ArianeGroup a également annoncé un nouveau contrat institutionnel pour Ariane 6. Par ailleurs, elle a signé avec le CNES et la Direction générale de l’armement (DGA) le lancement du satellite d’observation militaire CSO-3 par Ariane 6. Un troisième contrat a été paraphé avec l’agence spatiale indienne (ISRO) pour deux satellites, qui embarqueront à bord d’Ariane 5. Enfin, Arianespace lancera en 2021 avec Vega ou Vega C le satellite thaïlandais d’observation optique de la Terre à très haute résolution THEOS-2 dans le cadre d’un contrat clé en main entre Airbus Defence and Space et la GISTDA (the Geo-Informatics and Space Technology Development Agency of Thailand).

  1. Cinq lancements pour Ariane 6

Avec ces commandes, le carnet d’Ariane 6, qui doit effectuer son premier vol en 2020, s’établit à cinq lancements. Soit 2,5 lancements pour la version Ariane 64 qui devrait embarquer les satellites géostationnaires d’Eutelsat, qui s’était dès 2014 porté candidat au premier vol d’Ariane 6. Dans ce contrat, Ariane 6 sera le « lanceur de référence », mais Eutelsat pouvant recourir à Ariane 5 si besoin, a précisé le président exécutif d’Arianespace, Stéphane Israël. » Le signal qu’a donné Eutelsat est très important », a-t-il toutefois estimé lors d’une conférence de presse à l’occasion de la conférence « World Satellite Business Week ».

Cet accord « conforte la relation que nous avons tissée avec notre partenaire de longue date, Arianespace, auquel nous avons déjà confié le lancement de la moitié de notre flotte », a rappelé le directeur général d’Eutelsat Communications, Rodolphe Belmer. Ce nouveau contrat, qui fait suite à un précédent signé début 2013, porte à huit le nombre de satellites qu’Arianespace s’est engagé à lancer pour Eutelsat.

La société européenne de services de lancement a également Arianespace avait également signé en septembre 2017 le lancement de quatre nouveaux satellites de la constellation Galileo avec deux Ariane 62. Des vols prévus entre fin 2020 et mi-2021. Ariane 62 a également un nouveau client la DGA (satellite CSO-3). Le manifeste de lancements d’Ariane 6 et de Vega C s’élève respectivement à cinq vols et trois ou quatre pour le lanceur italien. Vega C et Ariane 6 effectueront respectivement leurs premiers tirs en 2019 et 2020. Enfin, Stéphane Israël a dit mener des discussions « très actives » avec d’autres clients pour Ariane 6, sans souhaiter fournir plus de précisions sur leur avancée et le nombre de prospects. Compte tenu de la polyvalence d’Ariane 6, il a rappelé qu’elle était capable de faire toutes les missions.

  1. Un carnet de commandes solide

Au total, après la signature au premier semestre d’un contrat avec B-SAT pour lancer BSAT-4b avec Ariane  5, ainsi que de plusieurs contrats pour le vol de démonstration du système de lancement de petits satellites (SSMS) sur Vega, le carnet de commandes d’Arianespace s’élève à plus de 5 milliards d’euros. Il correspond à 60 lancements : 17 Ariane 5, cinq Ariane 6, 28 Soyuz et dix Vega/Vega C.

Avec près d’un tiers de ces lancements au profit des institutions européennes, Arianespace réaffirme sa mission d’assurer à l’Europe un accès fiable et indépendant à l’espace, tout en confirmant ses succès à l’export dans un contexte difficile (concurrence féroce et marché au ralenti) : 9 contrats de lancement en 2017 pour l’ensemble du marché. Stéphane Israël a réaffirmé s’attendre à un rebond du marché des satellites commerciaux à partir de 2019 (15 vols puis une vingtaine à termes), sans atteindre toutefois les niveaux d’activité du début de la décennie (22/25 lancements). Le patron d’Eutelsat en a profité pour défendre la place de l’Europe parmi les lanceurs.

« Eutelsat a été au soutien du programme Ariane 6 depuis son lancement (…) et on pense que l’Europe a besoin d’un lanceur compétitif », a précisé Rodolphe Belmer dans un entretien à l’AFP. « Le prix d’Ariane 6 est compétitif aujourd’hui face aux autres lanceurs du marché et on pense d’expérience qu’Ariane 6 sera un lanceur fiable comme l’a été Ariane 5. »

Ariane 6 a vocation a être 40% moins cher qu’Ariane 5, mais un « chemin de compétitivité » doit être trouvé en Europe entre 2020 et 2030 pour définir des choix technologiques. Stéphane Israël a cité le démonstrateur de moteur à bas coût Prometheus dont les premiers essais au sol sont prévus à partir de 2020.