LA TRIBUNE – Par Fabrice Gliszczynski  |  01/02/2019

La compagnie du Golfe exploite 109 A380. (Crédits : ERIC GAILLARD) Emirates envisage, selon l’agence Reuters, de transformer sa dernière commande d’Airbus A380 (20 exemplaires) en commandes d’A350, en raison d’un blocage des négociations sur les moteurs.

Si l’information se confirme, le pari fou qu’Airbus s’était lancé l’an dernier pour sauver l’A380 pour une dizaine d’années au moins sera perdu. Et les jours du superjumbo européen seront à nouveau comptés comme cela a été plusieurs fois le cas depuis une dizaine d’années. Sauf que, cette fois, Emirates, la compagnie qui avait jusqu’ici reculé l’échéance de l’arrêt du programme grâce à des commandes salvatrices, sera celle qui sifflera la fin de la partie.

  1. Emirates, le plus gros client

Plus gros client de l’A380 avec 109 exemplaires dans sa flotte et l’essentiel du carnet de commandes restant à livrer à son nom, la compagnie de Dubaï envisage, selon l’agence Reuters, de transformer certaines commandes d’A380 en commandes d’A350. Ceci en raison du blocage des négociations avec Rolls-Royce sur la motorisation des 36 appareils (dont 20 fermes), commandés en janvier 2018, ceux-là mêmes qui devaient garantir à Airbus dix ans de production (avec une baisse de

  1. Situation plus défavorable que l’an dernier

Sans celle-ci, et faute de nouvelles commandes, ce programme lancé seulement en 2000 s’arrêterait, affirmait-on l’an dernier chez Airbus, avant la signature de la commande. Si Emirates a réellement fait une croix sur cette commande, Airbus se retrouvera dans cette situation similaire à celle qui était la sienne début 2018. La situation est encore plus défavorable aujourd’hui. Si aucune nouvelle commande n’est venue gonfler le carnet de commandes, celui-ci a même dû enregistrer une annulation. Une commande portant sur 10 exemplaires d’un client qui avait souhaité conserver l’anonymat (mais attribuée à Hong Kong Airlines) a été annulée récemment. Résultat, Il ne reste plus aujourd’hui que 87 A380 à livrer, dont 53 à Emirates, sachant que la quasi-totalité des autres commandes émanent de clients qui semblent peu enclins à les recevoir (Air Accord, Amedeo…).

Au début du mois de novembre, une solution semblait se décanter. La compagnie du Golfe assurait avoir choisi les moteurs Rolls-Royce pour ses 20 derniers A380 et son président, Tim Clark, avait déclaré à La Tribune et à un journal allemand, le 1er novembre lors de l’APG World Forum, que l’accord avec Rolls-Royce « était sur le point d’être finalisé ».

Si ces 20 A380 devaient être réellement annulés, il n’en resterait plus que 33 à livrer à Emirates. Ce qui peut certes représenter 5 ans de production au rythme de livraisons extrêmement bas de un avion tous les deux mois. Mais qui signerait l’arrêt de mort du programme. Selon Reuters, Airbus passe d’ailleurs attentivement en revue différentes options pour fermer la ligne de production des A380, mais aucune décision en la matière n’a encore été prise. Elle pourrait l’être rapidement si Tom Enders, l’actuel président exécutif du constructeur, décidait de trancher d’ici à la fin de son mandat en avril.

Dans un communiqué, « Airbus confirme être en discussions avec Emirates en lien avec son contrat A380 », sans vouloir en dire plus. « Les détails des discussions commerciales avec des clients restent confidentiels », a-t-il ajouté.