l’usine nouvelle – Publié le 18/09/2019

Airbus a revu à la hausse ses estimations des besoins en avions neufs pour les 20 prochaines années. L’avionneur européen table sur une flotte mondiale de 47 680 avions en 2038.

Pour répondre à la croissance du trafic aérien, Airbus prévoit un besoin de quelque 40 000 nouveaux avions. © Airbus

A croire que dans l’aéronautique, les arbres montent jusqu’au ciel. Une fois de plus, Airbus a révisé à la hausse ses perspectives de marché de l’aviation commerciale. Les chiffres publiés mercredi 18 septembre laissent songeur : l’avionneur européen estime que la hausse du trafic aérien (4,3% par an) nécessitera la production de 39 210 avions neufs (passagers et fret) d’ici 2038, tous constructeurs confondus. Des chiffres de livraisons bien supérieurs aux années précédentes. En 2014, Airbus tablait sur 31 358 avions neufs pour les vingt années à venir et 34 900 en 2017.

Une croissance des ventes qui devrait amener la flotte mondiale à un total de 47 680 avions, dont 25 000 avions neufs pour répondre directement à la croissance du secteur, soit les deux tiers de la demande, 14 210 pour assurer le remplacement des appareils anciens et enfin 8 470 correspondant aux avions en service aujourd’hui mais qui seront encore en exploitation dans 20 ans. La région Asie-Pacifique représentera à elle seule 42% de la demande en nouveaux avions.

Les monocouloirs au firmament

Curieusement, la prévision d’Airbus concernant la flotte mondiale est inférieure à celle de l’an dernier. En 2018, l’avionneur avait prévu une flotte mondiale de 47 990 avions pour 2038. Airbus a en effet revu à la baisse cette année le nombre d’avions actuels qui seront encore en service. Explication : pour améliorer leur performance environnementale ainsi que leur compétitivité, les compagnies aériennes devraient procéder à des renouvellements plus fréquents de leurs appareils, privilégiant les appareils les plus modernes.

Sans surprise, les courts et moyens-courriers seront les maitres du ciel. Les monocouloirs type A320 et Boeing 737 représenteront à eux seuls une flotte de 29 720 avions, soit 76% des livraisons. La catégorie supérieure, comprenant par exemple l’A321 LR et XLR, mais aussi l’A330 ou bien encore le Boeing 787, comprendra 5370 avions. Quant aux gros porteurs, tels que l’A350 et le 777X, ils seront 4120 à arpenter le ciel.

Automatiser la production

Sur vingt ans, les chiffres publiés donnent le vertige. Mais ramenés à l’année, ils semblent moins inaccessibles pour les deux constructeurs qui continueront durant cette période à dominer le secteur : il leur faudra livrer en moyenne 1960 avions par an, soit un peu moins de 1000 chacun. Or, Airbus prévoit déjà de livrer cette année entre 880 à 890 appareils, contre 800 en 2018. Boeing a livré pour sa part 806 appareils l’an dernier. En 2000, Airbus avait livré 311 avions et Boeing 492…

En volume, le saut industriel à effectuer pour les vingt prochaines années sera donc a priori moins grand que celui des vingt dernières. Pour améliorer leurs marges, plus faibles que celles des grands équipementiers, et gagner des parts de marchés, Airbus et Boeing vont donc s’ingénier à réduire leurs coûts de production. C’est dans cette perspective que s’inscrit la nouvelle ligne d’assemblage ultra automatisée de l’A321 à Hambourg, qui entre en fonctionnement. Airbus comme Boeing affirment que pour leurs prochains programmes, l’avion et son outil de production seront développés de concert et bardés de technologies numériques.

Repenser l’outil de production

Un changement d’optique que Sir Michael Arthur, président de Boeing International, avait expliqué à L’Usine Nouvelle en novembre dernier. « J’ai vu le responsable du projet « middle of market » récemment. Il m’a raconté que son équipe lui aurait donné un modèle réduit de cet avion. Il l’aurait rejeté et dit qu’il ne voulait pas un modèle de l’appareil, mais un modèle de l’usine. Il veut d’abord savoir comment va être fabriqué l’avion avant d’en connaître la définition exacte. Cela démontre une nouvelle mentalité. Il faut simplifier le design pour faciliter sa production. »

Dans les prochaines années, la bataille des avionneurs ne se jouera plus seulement sur le niveau de livraisons d’avions, mais sur les services associés (exploitation, maintenance, réparation). En la matière, Airbus estime ce marché à 4900 milliards de dollars. Connectivité à bord, maintenance prédictive de l’appareil, optimisation du plan de vol… Une activité protéiforme que les avionneurs comptent bien investir. Mais ils ne se battront pas seuls, car ce nouveau terrain de jeu attire nombre d’acteurs alléchés par ce segment ultra lucratif. La guerre feutrée de la data ne fait que commencer.