LA TRIBUNE – Par Fabrice Gliszczynski   

La compagnie aérienne américaine United Airlines a annoncé mercredi avoir commandé 50 avions Airbus A321 XLR afin de remplacer ses Boeing 757 vieillissants. Ce faisant, elle porte un coup très dur, voire fatal, au projet de Boeing de lancer un nouvel avion sur ce segment de marché. En revanche, la compagnie américaine a reporté de cinq ans les livraisons de ses 45 A350.

C’est un coup très très dur pour Boeing. La compagnie aérienne américaine United Airlines a annoncé ce mercredi une commande portant sur 50 Airbus A321 XLR, une version long-courrier de cet avion initialement conçu pour être un moyen-courrier capable d’assurer des vols de 10 heures avec près de 200 passagers.

Delta va-t-elle suivre?

Lancée lors du dernier salon aéronautique du Bourget, l’A321 XLR entrera en service en 2023. Les premiers exemplaires de United Airlines seront livrés à partir de 2024. Positionnés sur l’axe transatlantique au départ de Newark et de Washington, les A321 XLR remplaceront les quelque 75 Boeing 757 que United Airlines exploite encore. Ces derniers, qui ne sont plus construits par Boeing depuis une quinzaine d’années, consomment 30% de plus que les A321 XLR, selon Airbus.

Cette commande est identique à celle passée par American Airlines au salon du Bourget pour 50 exemplaires. L’attitude de Delta, confrontée elle aussi à la même problématique du remplacement des B757 que ses rivales sera donc suivie de près. Delta compte encore une centaine de B757.

« Il faut impérativement que Boeing ne perde pas Delta », a expliqué à l’AFP Michel Merluzeau, expert chez Air Insight Research.

Boeing dans l’impasse

Ces commandes démontrent si besoin était l’impasse dans laquelle Boeing se trouve depuis la crise du B737 MAX. Avant l’immobilisation, le 10 mars, de cet avion moyen-courrier impliqué dans deux accidents mortels, Boeing comptait annoncer au Salon du Bourget le lancement d’un nouvel avion, le « NMA (ou New Midsize Aircraft) d’une capacité de 220-260 sièges selon les versions, capable de franchir des distances de 5 000 miles nautiques (plus de 9 000 kilomètres). Un successeur à la fois du B757, mais aussi du B767 (un avion de 250-300 sièges), lui aussi très ancien.

Mais les déboires du MAX ont conduit Boeing à reporter ses projets. Résultat : des compagnies qui ne peuvent pas attendre portent leur choix sur l’A321 XLR. United était très intéressée par le projet « NMA », mais aujourd’hui ce projet est complètement incertain, même si les équipes de l’avionneur américain continuent de travailler sur ce projet.

United reporte la livraison de 50 A350

Alors que Boeing est en train de perdre sa chemise dans la crise du B737 MAX, les industriels de l’aéronautique imaginent mal le directeur général de Boeing (ou son successeur si d’aventure l’actuel devait quitter l’entreprise) demander l’aval du conseil d’administration pour lancer un programme estimé à une quinzaine de milliards de dollars. Surtout pour un avion qui n’arriverait pas avant 2026-2027, soit bien après l’A321 XLR qui aura largement le temps de rafler la mise. Avec cet avion qui a encore un potentiel d’amélioration, Airbus a frappé un grand coup en coupant l’herbe sous le pied de son rival. Depuis le lancement en juin de l’A321 XLR, l’avionneur européen a engrangé plus de 400 commandes.

Seule ombre au tableau pour Airbus et elle est de taille. United Airlines a reporté de cinq ans la réception de ses 45 A350, dont les premiers exemplaires devaient entrer dans sa flotte en 2023. Heureusement pour Airbus, Emirates a commandé le mois dernier 50 A350 qui seront livrés à partir de 2023.