Réunis à Toulouse les 28 et 29 octobre 2021 en Assemblée Générale, les délégués FO d’Airbus ont analysé la situation industrielle, économique et sociale du Groupe.
L’Assemblée prend acte des suites et conséquences de la situation sanitaire, qui affecte l’économie mondiale, l’ensemble des activités et pour ce qui nous concerne particulièrement le secteur aéronautique et spatial. Pourtant, malgré des prévisions particulièrement alarmistes, notre industrie tend à se redresser singulièrement avec une reprise de croissance de bon augure pour les années à venir. Nos clients sont au rendez-vous, leur confiance aussi.
Si l’activité commerciale pour l’aéronautique civile reviendra inéluctablement au meilleur niveau, le secteur espace & défense reste aussi un fort contributeur aux résultats du groupe, la demande institutionnelle et militaire n’ayant pas été affectée par cette crise. Pour la division hélicoptère, si la période COVID a été rythmée par une forte charge de travail et des livraisons importantes à faire, la période qui suit va être très difficile pour Marignane avec une perte de 30% de charges productions à cause de la baisse du marché et de la stratégie industrielle. Le rapatriement de charge doit être un combat national qui doit se mener. Cette
situation nous conforte sur la nécessité d’équilibrage civil et militaire. De ce fait l’assemblée restera vigilante sur le développement du programme SCAF, structurant pour nombre d’établissement de la défense en France et dans le groupe.
Si Airbus a souffert, cette histoire récente nous a donné raison. Quand nos dirigeants nous promettaient du sang et des larmes exhortant les partenaires sociaux à accompagner des décisions drastiques avec des conséquences dramatiques, sociales et humaines, FO n’a jamais cédé sur ce terrain. Quand certains s’inscrivaient dans des procédures juridiques ou d’entrave au bon fonctionnement de l’entreprise, FO n’a eu de cesse que de négocier des accords pour accompagner cette crise et protéger l’emploi, éviter ces drames humains et familiaux que ce soit sur les emplois directs ou dans une moindre mesure sur le tissu de sous-traitance.
Paradoxalement, par effet d’aubaine ou d’opportunisme vers toujours plus d’exigences financières, des plans sociaux ont été mis en œuvre. Si FO n’a jamais accepté dans le groupe la légitimité des APC (Accord Performance Collective) dans cette période, les représentants FO ont négocié des accords qui ont permis des départs volontaires dans les meilleures conditions. L’assemblée ne peut que se féliciter de l’atteinte de notre postulat, aucun départ contraint.

S’agissant de l’emploi, alors que cette crise aura laissé nombre de salariés, particulièrement les jeunes diplômés sur le bord du chemin, l’assemblée réitère l’impérative nécessité pour Airbus de faire figure d’exemple en termes de recrutement, dynamiser encore plus la voie de l’apprentissage, prendre en compte tous les jeunes issus de nos lycées professionnels. A ce titre, les accords signés dans la division hélicoptères ont permis à ce titre de pérenniser les jeunes par l’emploi et l’alternance. Une réflexion doit aussi être menée quant aux dispositifs de départs anticipés, des mesures d’âge, en lien direct avec la GEPP. La formation doit
demeurer aussi un axe stratégique prioritaire, élément essentiel à la promotion sociale.
Demain se prépare aujourd’hui. L’exigence environnementale, les perspectives sur des nouveaux produits verts ou décarbonés, supposent un changement de modèle industriel, des métiers émergents, des budgets d’investissement en R&D / R&T toujours plus accrus qu’ils soient auto financés ou supportés tout ou en partie par les finances publiques, en référence aux annonces politiques sur le plan de relance dont devrait bénéficier Airbus. FO Airbus et sa fédération se sont déjà inscrits dans cette réflexion mais alertent aussi sur une saine gestion de la transition sans être complètement disruptif, au risque de laisser une porte ouverte à nos concurrents pour répondre aux besoins immédiats.
Concernant le pouvoir d’achat, préoccupation majeure des salariés et après une année presque blanche en 2020, l’assemblée se satisfait du retour à la pratique contractuelle en 2021 avec pour l’ensemble du groupe une politique salariale honorable, dans la moyenne supérieure de l’ensemble du secteur. Néanmoins, à l’échelle macro-économique, les incertitudes sur un éventuel risque de dérapage inflationniste sont à considérer. L’assemblée considère que les parties contractantes ne devront pas s’interdire de reconsidérer les termes du contrat le cas échéant. Ce sujet sensible s’il n’est pas traité avec raison, peut aussi sortir de l’entreprise et alimenter les mouvements prétendus citoyens, idéologiques ou dogmatiques comme vécus ces derniers mois.
L’Assemblée revendique le retour à une politique salariale motivante et attractive pour l’exercice 2022 – 2023 prenant en compte les efforts et les sacrifices des salariés au cours de ces deux dernières années pour traverser la crise, ainsi que le retour à une clause de rendezvous cohérente et efficace en cas de dérapage de l’inflation.
La RSE (Responsabilité Sociale de l’Entreprise), effet de mode ou simple injonction européenne ? Ce concept dont Airbus n’échappe pas à la mise en application qui redéfinit un certain nombre d’obligations et de bonne conduite n’est somme toute pour FO qu’un rappel aux bons usages dans les relations humaines puisqu’il définit la gouvernance, les droits de l’homme, les relations et conditions de travail, l’environnement, la loyauté des pratiques, les questions relatives aux consommateurs, les communautés et le développement local.
L’assemblée prend acte de l’importance de ces sujets d’évidence mais dont les usages sont déjà en partie inscrits dans nos différents accords.

Concernant les restructurations, l’assemblée prend acte de l’évènement majeur qui est la création de deux newco, au travers du projet reshape. Airbus Atlantic, autour des activités aérostructure de Stelia pour la France et une seconde incluant Premium Aerotec pour l’Allemagne. Les représentants FO ont mis toute leur persévérance à faire en sorte que cette nouvelle société soit de premier rang sous le drapeau Airbus et éviter les écueils de la considération d’une filiale « low cost ».
Si tout n’est pas réglé, là aussi l’histoire donne raison aux concessions courageuses et responsables faites en leur temps, en France, par les représentants FO, pour définir le juste socle d’activités en interne et garantir ainsi sa compétitivité, sa pérennité, la reconnaissance core business par le Groupe. Il reste du chemin à parcourir, notamment sur le respect des équilibres transnationaux mais l’ensemble des salariés ont à ce jour la garantie d’un traitement social digne du Groupe Airbus.
Concernant la création d’une NewCo (projet CEREAN) qui prévoit l’intégration dans APSYS de la partie Services de Airbus Cyber Security : L’Assemblée Générale exige un traitement exemplaire, garantissant à tous les salariés les acquis sociaux actuels et permettant ainsi la réussite de ce projet prometteur qui doit s’inscrire pleinement dans la stratégie globale d’Airbus.
Un chantier d’envergure, relatif à l’harmonisation du statut social s’est engagé au sein d’Airbus (Reload). Celui-ci est corolaire à l’évolution du dispositif conventionnel de la métallurgie et remet à plat les différents accords et usages issus des accords société de 1970. L’assemblée donne quitus aux groupes de négociation pour ce marathon dont l’objectif est une mise en application au 1er janvier 2024. Alors qu’un accord de méthode vient d’être signé, FO a dû déjà imposer sa vision politique pour faire respecter l’esprit réformiste qui nous anime depuis toujours, celui de nos anciens qui ont bâti le socle social qui nous régit. Sans préjuger de l’issue de ces négociations, l’assemblée met en garde la Direction quant à ses ambitions plus ou moins cachées d’en faire un axe de compétitivité vers un statut social « low cost », en mode dégradé qui nuirait à la performance de l’entreprise, à son attractivité et à la fidélisation de ses employés vis-à-vis de nos concurrents. L’assemblée dénonce également toute volonté d’indépendance dont pourraient faire preuve çà et là certaines Directions pour s’affranchir d’un statut social unique et indivisible pour tous. La souplesse nécessaire requise pour les filiales de moindre dimension fait aussi partie des exigences FO. Nous défendrons l’ensemble des salariés, cols bleus, cols blancs et les ingénieurs et cadres ! Nous ne lâcherons pas la proie pour l’ombre.
Parallèlement à tous ces projets , le syndicat FO restera vigilant aux impacts sur la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés.

Dans deux ans nous entrerons dans un nouveau cycle électoral, si l’enjeu de notre représentativité est crucial, l’important travail de nos militants et mandatés est incontestable et reconnu. Cela doit payer si nous gardons le cap de notre réformisme exigeant.
L’Assemblée Générale appelle tous les salariés, du compagnon à l’ingénieur, qu’ils soient Cadres ou non Cadres, à rejoindre notre organisation syndicale.
Toulouse, le 29 octobre 2021

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